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Terrorisme : Ali Abdallah Saleh à l’épreuve d’Al Qaïda

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Et brusquement, après un long silence, le Yémen s’est rappelé à l’activité terroriste internationale par un attentat suicide spectaculaire contre un groupe de touristes étrangers. Cet attentat qui avait provoqué la mort de sept touristes espagnols s’est tout de suite inscrit dans la lignée des grands actes de terrorisme qui avaient frappé le pays ces dernières années comme celui qui avait visé le 12 octobre 2000 le destroyer américain USS Cole dans le port d’Aden (sud) dans lequel 17 marins américains avaient péri et celui qui avait frappé le pétrolier français Limburg au large d’Al-Mukallâ (sud-est) provoquant la mort d’un marin bulgare.
Les rapports difficiles entre les Yéménites et les touristes étrangers ne datent pas d’aujourd’hui. Régulièrement, dans la rubrique fait divers international, quelques tribus de l’Arabie heureuse se livrent à ce qui est devenu un sport national : l’enlèvement des touristes étrangers. Actes crapuleux qui se terminent généralement par la remise d’une rançon aux pirates du désert, provoquant, dans le pire des cas, une extrême panique et un souvenir douloureux pour les victimes.
Dans le cas des touristes espagnols assassinés, le signal est donné qu’une vague d’opérations terroristes d’une grande ampleur se préparait à frapper le pays. Le président yéménite Ali Abdallah Saleh reconnaît que son pays n’a pas été pris par surprise par ce sanglant événement: «Les autorités yéménites chargées de la sécurité disposaient d’informations selon lesquelles des éléments d’Al Qaïda se préparaient à lancer des attaques terroristes».
Dans la littérature des spécialistes des affaires de terrorisme, la simple liaison médiatique établie entre les mots « Yémen » et «Al Qaïda» opère des réverbérations d’une grande intensité. Pour deux principales raisons. La première concerne les origines yéménites du créateur du réseau d’Al Qaïda. Sa patrie d’origine et l’opaque mystère de ses tribus combattantes et fanatisées continue de susciter tous les fantasmes sécuritaires. La seconde concerne cette légende qui veut que la branche yéménite de ce réseau soit la plus déterminée, la plus meurtrière, que ses éléments agissent sur le territoire yéménite ou sur des théâtres d’opérations extérieurs.
Le président Ali Abdallah Saleh occupe une place à part sur l’échiquier politique régional. Homme de protestation et de contestation médiatique contre les méfaits politiques américains dans la région, il a été un des rares à s’opposer publiquement aux deux guerres contre l’Irak menées par les Bush, père et fils. Pourfendeur de la politique israélienne à l’égard des Palestiniens, Ali Abdallah Saleh ne rate aucune occasion de pointer, avec des intonations empruntées au Rais libyen Mouâmar Kadhafi, les impuissances arabes à faire entendre la légitimité du combat palestinien et à sceller l’union de leurs ressources pour faire entendre leur voix au sein de la communauté internationale.
Pourtant, depuis le 11 septembre et le lancement par l’administration Bush de sa guerre contre le terrorisme international, Ali Abdallah Saleh s’est inscrit, en élève studieux et appliqué dans cette lutte américaine contre les factions islamistes armées. Sa collaboration avec les services américains pour démanteler les cellules agissantes d’Al Qaïda qui opèrent ou qui disposent des ramifications aux Yémen fut précieuse et son efficacité lui a valu des félicitations de Washington. Même si il lui été longtemps reproché d’user des ressorts politiques et militaires de cette guerre contre le terrorisme international pour écraser dans un bain de sang le mouvement de protestation d’obédience shiite mené par le prédicateur extrémiste Hussein Badr Eddine Al Houthi. Le président Ali Abdallah Saleh qui continue à entretenir avec le puissant voisin saoudien des relations de froides amitiés, frappe désespérément depuis des années aux portes du Conseil de coopération du Golfe (CCG). De part ses positions à l’emporte-pièces et ses déclarations fougueuses, il est demeuré dans le carré des proscrits. Sa réélection l’année dernière, après une hésitation calculée, renforce la méfiance sur son penchant manœuvrier dans une région encore allergique aux opérations électorales.

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