Société

Enquête : De faux insignes de police sur le marché?

La ville spoliée de Sebta est devenue, au fil des ans, une plate-forme de toutes les formes de trafic et d’activités illicites. Drogue, immigration clandestine, blanchiment d’argent et contrebande sont devenues des pratiques quotidiennes au point de se transformer en une culture et un mode de vie tolérés par les autorités coloniales, sinon encouragées par certains responsables corrompus.
Mais, pour être toujours à l’avant-garde du marché, sous entendu illégal, les trafiquants et contrebandiers de Sebta font de plus en plus preuve de créativité et d’ingéniosité. C’est dans ce cadre qu’entre la dernière initiative entreprise par un « commerçant » de cette ville. Ce quinquagénaire espagnol, propriétaire de l’unique magasin d’armurerie de Sebta a décidé de s’adonner à une nouvelle activité : la falsification des insignes officiels des services de sécurité marocains.
Situé à une dizaine de mètres de la « Place de la Constitution », sur le boulevard du « Paseo del Revellín » à gauche en direction de la « Place d’Espagne », ce magasin est spécialisé dans la vente d’armement de chasse et des articles en relation avec le monde de la chasse. Il est d’ailleurs fréquenté tant par la clientèle de la ville que par des Marocains amateurs de ce noble sport et qui s’y rendent de temps en temps pour se procurer des articles de chasse.
Mais, depuis trois semaines, ce magasin est devenu un lieu de rendez-vous où des personnes concluent, discrètement, des affaires commerciales spéciales. En effet, ce magasinier cherche des distributeurs marocains capables de mettre en circulation, au Maroc, des répliques d’insignes officiels des services de sécurité et de la défense marocains. Cette marchandise, non-exposée dans les vitrines de l’armurerie, est composée d’insignes utilisés par la Gendarmerie Royale, la Sûreté nationale et les Forces Armées Royales. Ils existent sous toutes les formes : celles qu’utilisent nos officiers de la sûreté nationale pour s’identifier et aussi sous forme de porte-clés ou d’appliques. Il existe une version sous forme d’autocollants à fixer sur les pare-brises des voitures.
Mais l’offre la plus « importante » qu’il expose à ses éventuels clients, -il faut dire qu’ils font partie d’un cercle privé et restreint,- est une collection de répliques de revolvers semi-automatiques, type Walter, arme officielle, paraît-il, des officiers de police marocains. En plus de ce lot, il propose des menottes semblables à celles utilisées au Maroc, et qui, en plus, explique-t-il à ses « clients », présentent l’avantage d’avoir un numéro de série.
Ce commerçant ibérique, qui est, selon des habitants de la ville, un ex-officier de la Garde civile espagnole, doit connaître parfaitement tout ce qui concerne les insignes et les services de la sécurité marocains, car la reproduction des détails les plus minimes de ces pièces est parfaite. En plus, il faut être plus qu’un simple contrefacteur ordinaire pour présenter des articles aussi audacieux.
S’agissant des ventes, notre source affirme qu’il a effectué, jusqu’à maintenant, une seule vente au Maroc. La transaction a eu lieu, affirme-t-on, le dimanche 15 décembre. Un jour de fermeture des magasins à Sebta, précise notre source, qui n’a pu affirmer si le lot est déjà entré au Maroc ou non. À partir de ces données, il est légitime de se demander quel est l’objectif de cette opération. S’agit-il d’une simple initiative commerciale ? Si oui, pourquoi est ce que la marchandise n’est pas tout simplement exposée dans les vitrines du magasin comme toute marchandise ordinaire. Ou, cette affaire a-t-elle des implications autres que celles à but lucratif ?
Aussi, faut-il se demander sur le côté juridique en ce qui concerne cette pratique. Tant en Espagne qu’au Maroc, est-il légal de se mettre du jour au lendemain à produire des répliques d’insignes officiels, sachant qu’aucune indication attirant l’attention sur le fait qu’il s’agit d’une réplique n’est inscrite sur les articles en question? Car, si l’on se met à fabriquer des insignes officiels, d’un côté comme de l’autre, les services de sécurité du pays auront du mal à gérer une telle situation.
En plus, et c’est la question la plus importante, à quoi peuvent-ils servir ? D’abord, il est important de signaler que l’usage ne peut être innocent. Imaginons un instant qu’un agresseur, un escroc ou n’importe quelle personne malintentionnée puisse se procurer des articles de ce genre. les archives de nos services de la police judiciaire regorgent d’affaires d’escrocs ou d’agresseurs qui ont commis leurs crimes après avoir induit en erreur leurs victimes en prétendant être des officiers de police. Car, il est tout à fait normal qu’un citoyen se sente en sécurité en la présence d’un agent de police. Et certaines personnes malveillantes utilisent cette confiance pour commettre leurs crimes.
Mais le plus dangereux dans ce cas est que de tels produits soient entre les mains de terroristes. Vu la conjoncture actuelle, il n’est pas exclu que des activistes dangereux puissent les utiliser à des fins criminelles. Rappelons qu’en Espagne, les membres de l’organisation terroriste ETA ont à maintes reprises utilisé l’identité d’agents de police ou de membres de la Garde civile espagnols, et les services de sécurité de ce pays ont toujours découvert des répliques de cartes professionnelles ou d’insignes dans les appartements secrets des réseaux démantelés.

Articles similaires

SociétéUne

Le 2ème plus grand réservoir d’eau du Maroc vide, avec 0,77%

Al Massira, le deuxième plus grand barrage du Royaume, affiche un taux...

Société

Guercif: Campagnes de sensibilisation à l’importance des 1.000 premiers jours de la vie d’un enfant

Quelque 495 femmes de la province de Guercif ont bénéficié de campagnes...

Société

Partenariat entre la Fondation Noufissa Pharma 5, le HCR et l’AMPF

En vertu de ce partenariat tripartite, la Fondation Noufissa Pharma 5 s’engage...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux

Articles les plus lus