Société

Le pays roulé par des camionneurs

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Afin de se faire une place au soleil, dans un monde syndical de plus en plus dense, rien qu’une grève à même de paralyser toute l’activité économique. La jeune Fédération générale du transport routier et portuaire, nouvellement née d’une scission de la Fédération national du transport, est parvenue à se faire des dents, tout en faisant parler d’elle d’une manière remarquée. Toutefois, si la grève enclenchée le 2 mai a été officiellement suspendue le mardi 10 du même mois, la facture est certainement lourde. Des pans entiers de l’économie nationale mettront du temps pour s’en remettre.
Ainsi, la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) n’a pas manqué de faire montrer que le secteur avicole national est sérieusement menacé. Pratiquement, tous les élevages étaient en rupture de stocks et ne disposaient plus de quoi nourrir leurs volailles.
À Casablanca, l’usine de Boussekoura du cimentier Lafarge était lourdement impactée. Plus de 40% des camions à benne étaient en grève. Les livraisons du béton près à l’emploi, par manque de granulats, ont été perturbés. Le manque à gagner, selon le directeur commercial Lafarge, est de 25 à 30% d’une journée normale.
Autre opérateur, autres désagréments. Ceux qui dépendent pour leur approvisionnement du port de Casablanca, à l’image du leader national Lesieur-Cristal, devront travailler jour et nuit, week-end compris, afin de rattraper le retard. En plus des factures salées des bateaux restés au large, leurs ventes directes étaient en partie bloquées, vu la dépendance du réseau de distribution. Les membres de l’AMPEFL (Association marocaine des producteurs-exportateurs de fruits et légumes) estiment leurs pertes entre 3 et 5 millions de DH par jour, soit l’équivalent de 800 à 1.000 tonnes de production journalière bloquées sur les sites de production. Face à cette situation, la volonté hasardeuse de cette frange de transport routier, dont certaines revendications peuvent être légitimes, à continuer à évoluer dans l’anarchie la plus totale, est en phase d’être récompensée. Les lourdes conséquences en moyens aussi matériels qu’humains sont une menace quotidienne.  
Selon les termes du communiqué officiel, rendu  public à l’issue des tractations avec l’autorité de tutelle, «Les deux parties sont d’avis que le  relèvement de 10% du poids de la charge demeure en vigueur, comme le  stipule l’accord consécutif à la réunion du 17 septembre 2004, et la sanction  de mise en fourrière pour huit jours soit supprimée prochainement», estime le communiqué avant de préciser : «Compte tenu des dangers de la surcharge pour les usagers et  l’infrastructure routière, il a été convenu que l’agent de la surveillance  routière, de par son devoir et sa responsabilité, procède à l’immobilisation du  véhicule en lieu approprié, jusqu’à ce que la chargée soit réduite au poids  requis», encore heureux !.
Pour ce qui est de la contre-visite technique, le communiqué précise que les agents de la surveillance routière seront appelés à appliquer les  dispositions de la procédure prévue dans l’article 6 de la décision de la  direction en date du 6 février 1953, qui stipule en toute clarté que les agents  doivent établir, à l’attention du ministère de tutelle, qui détient le pouvoir  de décision, un procès-verbal sur l’état mécanique au cas où ils auraient  constaté des anomalies dans le véhicule.
En attendant le texte fixant les responsabilités de toutes les parties concernées, il sera procédé à la création d’une commission mixte pour l’examen des procédures de traitement de cette question.
Ce bras de fer entre le ministère des Transports et les camionneurs intervient, alors que l’économie marocaine est confrontée à une série de mauvaises nouvelles. La flambée des cours du pétrole et l’inquiétante dégradation de la balance commerciale en plus d’une sécheresse annoncée ne doivent assurément pas légitimer l’ensemble des concessions. Plus de fermeté s’impose. Il y va de l’intérêt général avant tout !

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