Chroniques

Label marocanité : Petits calculs d’un parlementaire

Il faut nuancer une confusion fréquente.  Il n’a pas dit Israël, ce qui serait à mettre sur le dos de l’impuissance résignée et cette manière de juguler le sentiment de défaite arabe par la magie du verbe arabe. Non, il a dit «les Juifs». Ce qui est de l’antisémitisme caractérisé.
On peut en saisir l’occasion pour faire de l’antiparlementarisme commode et populiste. Ce serait trop facile pour ne pas dire injuste. Il reste, selon ce que j’en ai lu, que cette déclaration fut accueillie avec quelques applaudissements et même avec le sourire amusé du ministre présent à laquelle s’adressaient la question et la supplique. On peut donc à bon droit s’en offusquer.
Raconte-moi ce qui peut se dire dans ton Parlement et je te dirais le degré de ta démocratie. Les Parlements du monde rivalisent par le lyrisme de leurs députés et ténors. Chez nous, quand certains ne somnolent pas, ils débitent, sous les applaudissements de leurs groupes, des conneries crasseuses.
Vérification faite, puisque le personnage m’est inconnu, je réalise que c’est un spécialiste de l’esclandre. C’est le même député, militant de l’amazighité, élu de la région d’Agadir-Inezgane, qui créa, il y a peu, une petite polémique lors d’une séance parlementaire, toute aussi transmise en direct à la télévision nationale. Bien que parlant parfaitement l’arabe, il avait choisi de poser une question relative au pouvoir d’achat en tachelhit, au risque de ne pas se faire comprendre par une large partie du peu de Marocains qui suivent ce supplice qu’est le débat parlementaire à la télévision. C’est donc ça! Un peu de provoc. Un peu de sensationnalisme, et le tour est joué pour sortir du lot dans ces séances télévisées. Peu importe l’atteinte faite à l’enceinte parlementaire. L’essentiel, c’est qu’Inezgane soit contente. Pitoyable.
C’est le paradoxe ce type de député. Normalement, lorsqu’on est porteur d’un combat identitaire, lorsqu’on milite pour la reconnaissance de la différence, on doit être en cohérence avec ses convictions. Un défenseur du combat de la différence amazighe devrait être un défenseur de la différence tout court. Transgresser cette règle basique participe de l’incohérence idéologique.  A moins de militer pour sa propre différence en… détestant les autres. Celui qui peut proférer un «petit mot» sur les Juifs peut proférer un gros mot sur les nègres, sur les pédés, sur les Fassis, sur les Arabes…. Et à la limite, ce serait plus homogène idéologiquement.

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