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La nébuleuse extrémiste

La première formation d’un courant islamiste au Maroc a vu le jour il y a près de 33 ans : « Le mouvement de la chabiba islamia ». Son fondateur, Abdelkrim Moutiî, voulait suivre l’exemple du fondateur des « Frères musulmans » en Egypte, Hassan Al Banna. Cette Formation était composée de deux sections : la section de la daâwa (appel à l’Islam, éducation spirituelle…) et la section du Jihad, dont la mission consistait à la liquidation des gauchistes et des occidentalisés de l’époque et qui s’est terminée par l’assassinat du leader socialiste Omar Benjelloun en 1975. C’était le premier acte terroriste commis au nom de l’islam au Maroc et qui a coûté à Moutiî une condamnation à mort par contumace. Cette expérience a été dure pour les membres de ce mouvement dont la plupart ignoraient les vrais desseins de l’organisation. En fait, la Chabiba islamia comptait reproduire le scénario de l’orient, à savoir la confrontation directe avec le régime. Ce qui a conduit à la dissidence d’ un nombre important de ses membres. Afin de marquer la rupture avec l’organisation de Moutiî, ils ont fondé un mouvement sous le nom de « Association de la jamaâ khayria », dans un premier temps pour devenir après « Al Islah wattajdid ». Les dissidents comptaient ainsi intégrer l’action politique officielle, selon la légalité constitutionnelle. Dans les années 90, nouveau changement d’appellation. Elle devient «Attawhid Wal Islah», dont les membres vont se rallier au parti du docteur Mohamed AL Khatib pour éclore de l’actuel PJD (Parti de la justice et du développement).
Parallèlement, cheikh Yassine fondait sa propre organisation, après avoir décliné auparavant une offre de Moutiî pour «unifier et agrandir» le Mouvement islamiste. Jusque-là, les islamistes Marocains étaient ainsi structurés et connus des autorités. Ce n’est qu’après l’effritement du Bloc des pays de l’Est, et la disparition de l’URSS, qu’un nouveau modèle d’intégrisme commença à voir le jour dans notre pays.
Il s’agit des marocains «afghans», qui s’étaient engagés pour le jihad à côté des Moudjahidines de l’Afghanistan. Ils sont entraînés au maniement d’armes et d’explosifset dressés pour tuer jusqu’à se faire tuer. Une partie de cette nébuleuse, en quête davantage de jihad, avait préféré faire un détour en Bosnie, tandis que les autres rentraient au Maroc, avec leurs barbes à la Taliban et une nouvelle doctrine basée sur la violence comme seule issue de tous les problèmes. C’est la manifestation organisée en 1991 par Al Adl Wal Ihsane pour le soutien de l’Irak contre l’alliance internationale sous l’égide des USA, qui allait éveiller désormais la vigilance des services de sécurité face au danger qui menace tout le pays. Avec ce qui se passait chez nos voisins, il y avait vraiment de quoi s’inquiéter. Sentant l’étau se resserrer, les intégristes recourent à une autre forme d’organisation et d’épanouissement, soi-disant pacifique : les associations de bienfaisance. Sous le masque d’oeuvres charitables (distributions d’aide alimentaires et vestimentaires, organisation d’opérations de circoncision d’enfants issus de familles démunies, des rations de f’tours durant le mois de ramadan…), l’araignée extrémiste tissait tranquillement sa toile à travers les différentes régions du Royaume, avec comme cibles principales, les bidonvilles et les quartiers périphériques où la pauvreté et le désespoir atteignent leur paroxysme. Ce sont les semences qui allaient germer par la suite donnant naissance à cette mosaïque de petits groupes dangereusement criminels. Comme des champignons dans la prairie, les Jamaâ sortent de partout et de nulle part.
«Assalafia Jihadia», « Alhijra wattakfir», «Addaâwa wattabligh», «Assirate Almoustaqime», dont la majorité des dirigeants sont ignorants ou d’un niveau d’instruction très borné et facilement liés, de près ou de loin à l’organisation d’Al Qaïda. Oussama Ben Laden est leur idole, leur exemple suprême du jihad et du combat de l’impiété.
Les cartes sont extrêmement brouillées de nos jours au point que pour certains observateurs, le Maroc frôle le syndrome algérien.

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