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Les dessous d’une visite

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La visite officielle effectuée par le Premier ministre, Driss Jettou, en France depuis le vendredi 8 avril s’est axée essentiellement sur le volet économique et les moyens de renforcer la coopération des deux pays dans ce domaine. Les entretiens que le chef du gouvernement marocain a eu avec le président de la république française, Jacques Chirac, et son homologue français, Jean-Pierre Raffarin, ont été dominés par les questions relatives au développement des relations économiques.  Recevant, samedi, le Premier ministre marocain, le chef de l’Etat français a tenu à exprimer sa "confiance" en la capacité du Maroc "à conduire" son développement économique et social et à être "une grande voix" écoutée dans le monde. Dans une déclaration à la presse au terme de cette rencontre, le porte-parole de l’Elysée, Gérôme Bonnafont, a indiqué que M. Chirac a tenu à réitérer "son message d’amitié" au Maroc et à SM le Roi Mohammed VI et a souligné l’excellence des relations politiques et économiques entre les deux pays. Le Chef de l’Etat français s’est aussi réjoui également du développement des relations économiques, "plus fortes en ce moment", entre le Maroc et de nombreux pays de l’Union européenne, formant le vœu que la visite du Premier ministre marocain à Paris soit l’occasion de donner une "impulsion décisive" à la préparation du 7-ème séminaire intergouvernemental et de la 7-ème rencontre franco-marocaine des Chefs de gouvernement, prévue fin juin au Maroc, a rajouté le porte-parole de l’Elysée.
Malgré le fait qu’elle salue le rapprochement au niveau économique entre le Maroc et d’autres pays européens, cette déclaration est considérée par les observateurs comme un message adressé par le gouvernement français au gouvernement marocain pour l’appeler à continuer à faire de la France le principal partenaire économique du Royaume. Une analyse qui est renforcée par une autre déclaration du porte-parole de l’Elysée qui a indiqué que M. Chirac a souhaité que tant sur le plan économique que sur le plan éducatif et social, la France demeure un partenaire "privilégié" du Maroc, avant de souligner que le président français a fait part au Premier ministre marocain de la disponibilité de l’Etat français à être "associé partie politique de coopération à l’effort du développement marocain". Le même message, on le retrouve dans une autre déclaration de M. Bonnafont où il précise que le président français a exprimé "la confiance" de son pays, qu’il s’agisse du gouvernement ou des entreprises, dans la stratégie économique et sociale du Maroc, a signalé le porte-parole de l’Elysée.
Il s’agit donc d’une invitation au Maroc à privilégier la France en tant que partenaire économique. Une invitation qui a été exprimée d’une manière plus explicite au moment où le chef du gouvernement marocain a fait part au président français de "l’engagement par le Maroc d’une réflexion à long terme sur les secteurs de développement stratégiques". M. Bonnafont a souligné que, réagissant aux propos de M. Jettou, le président de la république française a répondu qu’il lui paraissait "tout à fait important que la France et le Maroc y réfléchissent ensemble".
La réponse favorable du Premier ministre marocain à la requête émanant de l’Elysée a été tacitement exprimée par M. Jettou lors de ses entretiens avec son homologue français, Jean-Pierre Raffarin, à Poitiers. Arrivé dans la région Poitou-Charentes à bord d’un TGV, le chef de la Primature a pris part à un déjeuner de travail offert en son honneur par M. Raffarin, en présence des opérateurs économiques français. À l’occasion de ce déjeuner, M. Jettou a exposé les opportunités d’investissement offertes par le Maroc et son ambitieux programme de se doter d’infrastructures de qualité : autoroutes, routes, aéroports, ports, stations de production d’électricité et nouvelles stations touristiques en invitant les opérateurs français à y participer.
A la demande de M. Chirac de "réfléchir ensemble" au programme marocain de développement des infrastructures le Premier ministre marocain a répondu : "Le Maroc veut passer à un niveau supérieur dans ses infrastructures et nous comptons beaucoup sur la France pour étudier ce dossier ensemble". Il s’agit-là d’un message clair à l’adresse du gouvernement et des investisseurs français leur signifiant que leurs intérêts sont préservés au Maroc.  D’ailleurs, au terme du déjeuner, le Premier ministre français a annoncé à la presse qu’il était "très heureux de pouvoir engager le gouvernement français, à côté du gouvernement marocain, dans un travail d’étude sur un grand projet ferroviaire à l’horizon 2015, avec notamment des liaisons rapides Casablanca-Marrakech et Marrakech-Agadir".
Il est à signaler aussi que, au cours de sa visite officielle en France, le Premier ministre a tenu une rencontre, vendredi à Paris, avec des investisseurs français représentant les différents secteurs d’activité. Durant cette rencontre, M. Jettou a tenu à rassurer les opérateurs économiques français sur leur participation aux différents projets de développement des infrastructures au Maroc. "Nous comptons beaucoup sur la France pour qu’elle continue à appuyer le Maroc dans sa politique de développement", a-t-il dit. Il y a là de quoi rassurer tous les responsables français qui, depuis quelque temps, ont commencé à sonner l’alarme quant au fait que les relations économiques entre Paris et Rabat sont menacées notamment par la présence de plus en plus importante des opérateurs espagnols et turcs au Royaume.
Ainsi, la visite de M. Jettou, qui a été consacrée essentiellement aux relations économiques entre les deux pays, aura servi à rassurer Paris sur l’avenir de ses intérêts économiques au Maroc.

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