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«Laurence Parisot, un poing de fer dans un gant d’acier»

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Voilà un échange de critiques acidulées entre la présidente du Medef, (le patronat français), Laurence Parisot et le numéro un de la puissante centrale syndicale, la CGT, Bernard Thibault, qui ne laissera personne indifférent, encore moins les participants à cette journée de protestation nationale du jeudi 19 mars. Le tir est à bout portant dans un contexte de crise hyper sensible. Cela avait commencé par une charge extrêmement violente de Laurence Parisot qui, prenant la défense du monde de l’entreprise française, s’est interrogée à haute voix sur l’utilité d’une telle journée d’action qui a «un coût en terme de démagogie et d’illusions crées»: «S’il s’agit de dire à quel point nous sommes mécontents de ce qui se passe et inquiets (…) nous pouvons tous dire ça, le patronat aussi. Est-ce vraiment utile (…) de le dire ainsi?».    
Cette phrase n’était que la préparation du terrain à la crucifixion qui va suivre et dont la victime expiatoire n’est autre que Bernard Thibault accusé de «démagogie» et de «mauvaise foi» : «On reproche beaucoup de choses aux chefs d’entreprise en ce moment (…) mais je voudrais qu’on parle aussi de la responsabilité de la CGT sur la disparition d’entreprises à Marseille». L’allusion est faite au dépôt de bilan du dernier chantier naval marseillais sous la pression des grèves. Et Laurence Parisot de conclure sa charge : «Je crois qu’on peut dire merci la CGT».
La sortie de Laurence Parisot sur la CGT est sans doute le signe révélateur de l’agacement du patronat français à l’égard de l’attitude du pouvoir politique qui, par tactique ou par impuissance, tresse des lauriers à Bernard Thibault et ferme les yeux sur ce qui peut s’apparenter, du point de vue du Medef, à un excès.
Bernard Thibault n’a pas laissé le soufflet retomber et a tout de suite réagi à l’attaque de Laurence Parisot : «Mme Parisot est dans une extrême difficulté pour justifier ce qui se passe dans les entreprises, pour justifier les aides publiques dont bénéficient le grandes entreprises qui restructurent aujourd’hui et tentent pour s’en sortir de porter le discrédit sur les syndicats des salariés». Bernard Thibault brandit à cette occasion la menace de la radicalisation dont la tonalité agressive ne doit pas échapper à l’Elysée: «Si par là Mme Parisot (…) laisse entendre qu’il n’y a plus de place pour la revendication, je crois qu’elle va être déçue. Elle fait preuve d’un archaïsme d’un autre temps et elle contribue à sa manière à tendre un peu plus la situation».
Laurence Parisot avait réellement fait son entrée dans le débat politique et social français à l’occasion du scandale de l’UIMM (Union des industrie des métiers de la métallurgie) en 2007 concernant des liquidités faramineuses qui circulaient sous le manteau entre le patronat et les direction de certains syndicats pour «fluidifier les relations sociales», pour reprendre l’expression de l’époque. Elle s’était illustrée dans son combat pour limiter les indemnités du départ de l’ancien patron de l’UIMM, Denis Gautier-Sauvagnac.
A cette époque, la frêle Laurence Parisot, au regard bleu azur et à la bouille angélique, avait montré une détermination de fer et des crocs aussi longs que ses ambitions. Considérée comme proche de Nicolas Sarkozy depuis le début de son mandat, la crise et les solutions proposées ont fini par altérer leurs relations. De temps à autre, Laurence Parisot laisse échapper une bouffée de mauvaise humeur comme lorsqu’elle avait dénoncé le manque «d’une vision de sortie de la crise» et considérer que la thérapie proposée aujourd’hui conduisait à «recréer des rigidités» et à «bureaucratiser» la France. Aujourd’hui, Laurence Parisot part en croisade contre les tentations protectionnistes. D’où sa participation, hier mercredi, à Londres au «G20 patronal» qui prépare le sommet des chefs d’Etat du 2 avril. Avec ce mot d’ordre : «nous allons dire clairement à quel point il faut résister à toute tentation protectionniste». Laurence Parisot réclame l’adoption d’une charte internationale contre le protectionnisme.
Dans son evaluation de la crise, Laurence Parisot oscille entre volontarisme réaliste et optimisme mesuré, pas de quoi haranguer les foules d’enthousiasme : «quelle que soit la gravité de la crise, il faut être conscient que l’on aggrave la crise en refusant d’en imaginer le bout (…) au bout du tunnel, il y a une certaine lueur qui devient perceptible».

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