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L’Islam de France retrouve ses vieux démons

© D.R

Pour pouvoir dire que l’Islam de France renoue avec les démons de sa représentation, il faut oser espérer que durant la courte vie du Conseil français du culte musulman (CFCM), les luttes intestines et les bras de fer fratricides entre personnalités ambitieuses ou téléguidées ont été un moment relégués au vestiaire. Or depuis le début de cette aventure de la représentation de l’Islam, initiée par le socialiste Pierre Joxe et concrétisée par Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur et des Cultes, la compétition n’a jamais réellement connu le moindre répit entre deux grandes sensibilités de l’Islam de France, l’algérienne et la marocaine.
Or à l’approche du 8 juin, date à  laquelle il était prévu de renouveler les composantes et la direction du CFCM, la Grande mosquée de Paris (GMP), présidée par le recteur franco-algérien Dalil Boubakeur, menace de ne pas prendre part au vote. La mosquée de Paris conteste le mode de représentativité actuel basé sur la désignation des délégués qui est proportionnelle aux mètres carrés des mosquées gérées et l’élection des conseils régionaux du culte musulman.
Cette attitude de refus de Dalil Boubakeur de participer à cette élection est motivée par une crainte d’être privé d’un troisième mandat à la tête du CFCM. Les deux premières présidences ayant plus été le fruit d’un compromis de circonstance parrainée par le ministère de l’Intérieur et acceptée par les différents protagonistes comme une démarche transitoire qu’un réel reflet de l’influence de Dalil Boubakeur au sein des associations de l’Islam de France.
Dalil Boubakeur a longtemps été le représentant officiel et la garant des intérêts de l’Algérie dans la galaxie de l’Islam de France. Lui-même ne s’en cache pas et en a fait une force de persuasion et de lobbying auprès du pouvoir politique français pour l’obliger à le maintenir à la tête du CFCM. Depuis toujours, le choix d’affaiblir ou de renforcer le recteur Dalil Boubakeur se négocie directement à Alger.
Deux autres grandes composantes disputent à Dalil Boubakeur le leadership du CFCM. D’abord l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) que dirige le Franco-marocain Fouad Alaoui qu’une insistante croyance publique lui attribue des sympathies passionnées avec le mouvement des Frères musulmans d’Egypte. Ensuite, la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) accusée, de façon presque mystique par ses détracteurs d’obéir au doigt et à l’œil aux bienfaiteurs marocains.
Cette crise qui s’annonce au sein du CFCM, dont le bilan est loin d’être à la hauteur des ambitions affichées au départ, tombe sur les épaules de Michelle Alliot Marie, ministre de l’Intérieur et des Cultes. Consciente que la clef pour déverrouiller les blocages se trouve dans les capitales du Maghreb, Michelle Alliot Marie a déjà dépêché des délégations de son ministère à Alger et à Rabat pour sonder les esprits et tester les intentions.  Elle compte elle-même prendre le taureau  par les cornes et aller plaider personnellement l’armistice.
Il faut dire que sur ce terrain particulier, même pour une ancienne ministre de la Défense habituée aux décisions tranchantes et aux discussion viriles, l’exercice peut être rude et la tâche insurmontable. MAM que certains ne résistent plus au plaisir de présenter sur la «Short List» des possibles Premiers ministrables de Nicolas Sarkozy et ce malgré son passé chiraquien, sera méticuleusement observée sur la manière avec laquelle elle va devoir gérer cette crise qui s’annonce.
L’enjeu premier pour cette question est de devoir fermer en douceur la page de Dalil Boubakeur qui personnifie à merveille l’échec du mot d’ordre lancé par Nicolas Sarkozy lors de la création du CFCM qui était celui «de promouvoir un Islam de France libéré du fondamentalisme qui conduit au terrorisme (et) de la tutelle des puissances étrangères».  L’enjeu second de cette consultation est de trouver une personnalité suffisamment forte, originale, charismatique, racée pour pouvoir porter avec conviction l’ensemble du projet CFCM. Parmi les noms régulièrement cités, se trouve le Franco-marocain Mohamed Moussaoui, un docteur agrégé en mathématiques, baptisé par ses pairs «ouvrier de la foi» et qui officie actuellement à Avignon.
 

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