Société

Un partenariat stratégique

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La visite d’Etat de trois jours que le Président français Jacques Chirac a entamée jeudi au Maroc a lieu dans une conjoncture internationale particulièrement marquée par la recherche de nouveaux équilibres géostratégiques suite aux développements de l’intervention américano-britannique en Irak et ses répercussions sur la situation au Proche-Orient, d’un côté, et les nouvelles aspirations américaines dans la région maghrébine. Intervenant sept mois après son périple en Algérie et à quelques semaines de son déplacement prévu en Tunisie, la visite du Président de la République française au Maroc a lieu sous le signe du renforcement du « partenariat stratégique » entre le Royaume et la France. Passage obligé pour l’application de toute politique de rapprochement entre Paris et les pays maghrébins, le Maroc demeure le principal allié de la France dans la région. Ce partenariat stratégique, annoncé par le Président français lors d’une visite éclair qu’il avait effectuée au Maroc, il y a quelques mois, consiste en une coopération politique qui va au-delà des relations bilatérales pour atteindre des niveaux très évolués de concordance en matière de politique étrangère. Et, comme tout partenariat ne peut réussir que si les deux parties qui y souscrivent bénéficient en y adhérant, le partenariat maroco-français est de nature à garantir les intérêts tant de la France que du Maroc. Certes, le rapprochement entre les deux Etats est en premier lieu dû à l’amitié séculaire qui lie les deux pays, mais il faut signaler que cette amitié doit être entretenue par l’approfondissement des liens de coopération. S’agissant des intérêts de la France, il est certain qu’en pariant sur le renforcement de ses relations avec le Maroc, Paris gagne un partenaire ayant une influence très importante sur trois axes. Ainsi, Paris bénéficierait de l’extension géostratégique vers l’Afrique occidentale via la Mauritanie et le Sénégal que le Maroc a réussi à développer sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. En effet, le Souverain a réussi à renforcer l’axe Rabat-Nouakchott-Dakar faisant de lui un axe stable et fort basé sur une concertation politique exemplaire entre les trois pays. Le deuxième axe qui intéresse la France est celui du Maghreb. Sur ce plan, la compétition avec les Etats-Unis, qui cherchent à développer ses relations avec l’Algérie pour se frayer une place dans la donne stratégique en Afrique du Nord, incite Paris à donner une nouvelle dimension à sa politique dans la région en renforçant son amitié avec le Maroc et en essayant de rapprocher les points de vue de celui-ci avec l’Algérie. S’agissant des autres pays maghrébins, il est certain que les bonnes relations que le Maroc entretient avec la Libye intéressent Paris qui voudrait bénéficier de la politique d’ouverture entreprise par le pays de Kadhafi après la levée de l’embargo. Enfin, la France comptera sur la dimension proche-orientale de la politique extérieure du Royaume à un moment où le Proche-Orient est devenu le principal échiquier où se joue la partie du véritable nouvel ordre mondial. Côté marocain, le partenariat stratégique avec la France est intéressant du moment que le Maroc vit actuellement au rythme des réformes politiques, économiques et sociales. Des réformes que Paris est appelée à soutenir tant sur le plan bilatéral qu’au niveau international. Conscient de l’importance pour le Maroc d’aller de l’avant dans le processus démocratique et l’assainissement de la vie politique, le président Chirac a fait du soutien de la politique de réformes entreprise par SM le Roi depuis son accession au Trône, un engagement de la France. « Il est naturel que la France soit à ses côtés, le soutienne et l’encourage à poursuivre dans la voie qu’il a choisie », a affirmé le chef de l’Etat français dans une interview à la MAP publiée mercredi. Cet engagement français devrait se traduire par une meilleure coopération économique et un soutien plus engagé au niveau de l’Union européenne pour que le Maroc puisse accéder à un « statut avancé » qui lui accorderait « moins que l’adhésion, mais plus que l’association ». Sur l’affaire du Sahara, le Maroc compte sur le soutien de la France pour trouver une solution politique à ce conflit artificiel et qui garantirait son droit légitime à préserver sa souveraineté sur ses provinces du Sud. Enfin, il est évident que le Maroc et la France sont sur le point de donner une nouvelle impulsion à leurs relations pour les situer dans une optique plus adaptée à la nouvelle donne politique internationale.

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