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Hors-jeu : La valse maladive des entraîneurs

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C´est désormais une question de record. Si l’on battait des records de buts et de bonnes performances il y a quelques années, de nos jours on établit des records de destitution d’entraîneurs. Le MAS de Fès vient de changer, encore une fois, d’entraîneur. Le phénomène a déjà touché le WAC, l’Ittihad de Tanger, le KAC de Kénitra, le Chabab Mohammedia, la Jeunesse Massira. Après seulement douze journées du GNFI, plusieurs cadres techniques se sont vus ballotter à tort ou à raison. Le problème avec ceux qui prennent de telles décisions, c’est qu’ils passent outre la situation financière désastreuse dont ils n’arrêtent pas de se plaindre. Avant, on ne changeait pas d´entraîneur par principe. Le temps passait, ou il y avait des échecs consumés ou des différences de critère. C’est certainement le côté modernité qui annonce ses marques dans le football marocain. Car les plus grandes équipes du monde boivent de la même coupe. En Espagne par exemple, en 2000, cinquante entraîneurs ont évolué en une seule saison pour seulement 20 équipes. Dans ce cadre, l´Atlético de Madrid détient le record mondial de consommation d´entraîneurs : 50 en 12 ans. Au Brésil, vingt-six équipes ont utilisé soixante-dix entraîneurs en l’espace de cinq mois. Les exemples de ce paludisme d’entraîneurs du football moderne abondent. Ce n’est donc pas typiquement marocain. Mais est-ce que le niveau de la compétition évolue pour autant grâce au limogeage fréquent des cadres techniques ? Ce n’est pas du tout évident. Si la compétition est malade, même le changement d’entraîneur n’y peut rien. En plus, lorsqu’il y a un changement d’entraîneur, cela a un effet psychologique immédiat. Par conséquent, le rendement de l’équipe est embarrassé. Plus souvent on change d´entraîneur, moins de temps et de tranquillité a le futur destitué pour marquer des buts et des points…Une équipe ne peut pas avoir de résultats positifs lorsqu’on change d’entraîneur tous les trois ou quatre mois ! De plus, on met souvent n’importe qui à sa tête, juste pour chasser la poisse. Un changement pour le changement n’apporte jamais de résultat. La gestion moderne du football ne devrait pas être dominée par le manque d´imagination et de compétence de la majorité des dirigeants, qui ne réfléchissent sûrement pas avant de prendre ce genre de décisions, aussi nerveuses qu’irritantes. Règle générale, ce qui manque à l’esprit ou à l’imagination, profite au caractère et à l’entente de la vie pratique. Ce n’est donc pas seulement une condition de réussite que d’avoir l’esprit borné, c’est une condition de succès. Les gens qui ont peu d’idées sont moins sujets à l’erreur, et suivent de plus près ce qu’ils font. De toute façon, nos dirigeants de clubs viennent de prouver qu’ils sont du même niveau de leurs homologues dans les pays où le foot est très avancé. Mais seulement en ce qui concerne le limogeage d’entraîneurs.

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