Chroniques

Hors-jeu : L’encadrement éducatif

Il avait une double chance pour réussir dans sa vie. Il a choisi une carrière de militaire qui lui a permis de devenir un sportif de haut niveau, affichant beaucoup de potentialités dans plusieurs compétitions internationales. Il a tout bousillé pour se retrouver, en juillet 2001, entre quatre murs dans une étroite cellule à la prison à salé pour une accusation d’homicide volontaire. Pourtant, rien ne prédestinait Hicham Bouaouiche à une telle déchéance.
L’athlète, détenteur de titres mondiaux dans les championnats militaires, de la médaille d’or aux jeux méditerranéens et qui a participé aux jeux olympiques d’Atlanta en 1996, possédait tous les atouts pour ne pas tomber aussi bas. Mais pour des raisons incompréhensibles, il s’est enfoncé dans les méandres de la délinquance pure et dure. Il est accusé du meurtre d’un gendarme en France, un pays qu’il a rejoint avec des papiers d’identités falsifiés juste après avoir été sanctionné en tant que militaire. Aujourd’hui, il est affronté à la justice de son pays pour ce double délit et risque gros comme peine de réclusion.
Assurément, ce jeune homme ne se sent pas bien dans sa peau puisqu’il a entamé une grève de la faim pour réclamer un jugement en France. Un homme normal, qui a eu des opportunités comme celles de Hicham n’auraient jamais commis un acte criminel à moins qu’il soit atteint de troubles psychologiques.
Ceci étant, il est quand même anormal qu’un jeune, qui était incorporé dans le corps de l’armée, soit totalement démarqué de la rigueur disciplinaire qui caractérise les militaires. À moins que son passage à l’équipe nationale d’athlétisme de 1993 à 1999 l’ait influencé totalement pour qu’il change de comportement. Une hypothèse qui n’est pas à écarter quand on sait que la fédération d’athlétisme de l’époque était gérée d’une manière désordonnée. Le favoritisme, le clientélisme et les règlements de compte de certains dirigeants ont instauré un climat délétère au sein de l’équipe nationale.
Ceci étant, rien, absolument rien, ne justifie le grave dérapage de Hicham Bouaouiche, même s’il a été certainement très mal encadré. Mais il est clair que face à la descente aux enfers de plusieurs sportifs marocains, le rôle du dirigeant devrait être repensé tout aussi bien que son statut dans le sens de la prédominance de l’éducateur. Le sport n’est pas seulement une course pour cumuler les performances, mais il est avant tout un vecteur éducatif et moralisateur qui immunise la jeunesse contre la délinquance. La formation des formateurs et des gestionnaires de la chose sportive devra être axée sur l’aspect éducatif des sportifs avant celui de l’esprit compétitif. Sinon, il faut s’attendre toujours à des cas spécifiques qui, faute d’encadrement adéquat, risquent de sombrer dans la délinquance.

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