Chroniques

Un vendredi par moi

Je ne verserai pas une larme, fut-elle de crocodile, sur l’élimination de l’équipe nationale algérienne au premier tour de la Coupe du monde en Afrique du Sud. Ce n’est pas du diplomatiquement correct, mais j’assume. Cocardier ? Du tout, mais imperméable total au masochisme. Je n’apprécie que très peu souffrir dans ma patrie, surtout quand celui d’en face fait de la sienne l’objet d’un orgueil,  annif dans la langue vernaculaire, qui flirte avec l’injure aux autres ; nous en l’occurrence. En pertes et profits donc la solidarité maghrébine et le Maghreb ?  Certainement, mais qui peut définir sérieusement le Maghreb. Une OFNI (obsession fixe non identifiée) ? On a tellement couru derrière que l’on en est revenu. C’est un mirage. Ou un leurre. Au mieux un amour à sens unique. Argument voulu massue : l’équipe de Rabeh Saâdane n’est pas le pouvoir qu’il ne faut pas confondre avec le peuple algérien. Sans doute, mais si une qualification aux huitièmes de finale devait faire, en même temps que le peuple algérien, le bonheur de son oligarchie, le choix est vite fait.  Reste la fraternité au nom de la communauté de l’histoire et de destin des peuples et des Etats, au moins en pareilles confrontations sportives. Si cela avait une quelconque valeur, les affrontements entre Algériens et égyptiens lors des qualifications ont fini par l’achever. C’est vrai, la grande majorité des Marocains a vibré pour l’Algérie, hurlé en chœur avec les Algériens quand leurs attaquants frôlaient le goal adverse, s’est désolée lorsque l’équipe encaissait. Probablement par défaut et maintenant que les choses sérieuses vont commencer, on va pouvoir se projeter collectivement sur le Brésil et l’Argentine. C’est ainsi, on est avec le frère contre le cousin et avec le cousin contre l’étranger. Ce qui n’exclut pas que le Marocain est une bonne pâte qui cultive généreusement le devoir d’amnésie, sinon il y aurait longtemps déjà, au moins depuis la bataille d’Isly en 1844, qu’il aurait engagé les douze travaux d’Hercule pour faire passer le détroit de Gibraltar au point frontalier de Zouj Bghal. Mais on ne refait pas la géographie de la même manière qu’on ne refait pas l’histoire. D’Isly au Maroc base arrière du FLN, des accords sur les frontières avec le gouvernement provisoire (GRPA) à la guerre des sables, Alger n’a fait qu’entériner pour son propre compte le projet colonial de la France impériale. On aurait peut-être tout oublié après les accords d’Ifrane si l’ingratitude du ventre n’a pas été jusqu’à la recherche d’une nouvelle amputation territoriale du Maroc au Sahara, frénétiquement poursuivie au point de soutenir lors de la crise de l’île Leila l’Espagne contre les frères marocains. En dépit, ce sont les Marocains qui continuent d’entretenir l’idée du Maghreb des peuples si cher au FLN de Boumédiene. A pleins poumons, mais en vain, ils ont soufflé sur la braise du foot algérien. Parce que le Maroc n’est pas l’Algérie, et tout bien réfléchi, c’est mieux ainsi.

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