Economie

Commissions : le bras de fer continue

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L’affaire remonte au mois d’octobre 2002 quand les compagnies aériennes ont décidé de baisser les commissions sur billets de 9 à 7%. Le problème concerne solidairement tout le Barm (association des compagnies aériennes opérant au Maroc) et individuellement chaque compagnie. Les séances de ce procès risques donc d’être nombreux comme l’ont été les reports. D’après les voyagistes, la décision gèle 25% de leurs revenus.
«Les compagnies aériennes nous ont acculé dos au mur. C’était à prendre ou à laisses, nous avons porter l’affaire en justice en dernier ressort, puisque personne ne voulait nous écouter», déclare le président de la Fédération des agences de voyages. Auparavant, les agences de voyages avaient brandi la menace de retrait du BSP.
Pour Amal Karioun, les deux affaires ne sont pas liées. Le litige portant sur les commissions est une affaire commerciale alors que le BSP, lui, est d’abord technique. La position des compagnies aériennes se veut tout aussi légitime.
La baisse de commissions est «inéluctable» de l’avis de Zouheir El Ouifir, ex-directeur général d’Air Senegal International, aujourd’hui à la tête du pôle client Maroc de la RAM. «En prenant cette décision, le Barm ne fait que suivre la tendance internationale », laisse-t-il entendre. Une réalité difficile à contester puisque, dans certains pays, on ne parle plus de baisses mais de «suppressions» de commissions. Seulement, comme le rappelle le président de la FNAVM, «au Maroc, les réalités ne sont pas les mêmes qu’ailleurs ».
En matière de commissions, poursuit-il, chaque pays a ses propres règles. «On ne peut pas faire du copié-collé. En Europe, le tourisme à l’export n’est pas seulement lié à l’aérien, comme c’est notre cas. Là-bas, les prestations englobent l’hôtel, la location de voiture, les frais de dossier ».
Au Maroc, l’export se résume souvent à des vols secs. La valeur ajoutée est donc minime. En d’autres termes, les billettistes ne vivent que des commissions. Seuls quelques réceptifs (S’Tours et Atlas Voyages par exemple) peuvent s’adapter à la donne. C’est donc d’un problème de survie qu’il s’agit désormais.
Dans le monde, la baisse des commissions est une des conséquences de la crise qui traverse les compagnies aériennes. Elle découle aussi de la floraison des formules de billets qui se limitaient jadis en formules Economique et First class. Pour booster les ventes, les transporteurs ont inventé le Business class, puis le billet Excursion, moins chers que la formule Economique.
Entre-temps, l’Apex, puis le super Apex sont venus compliquer la donne, suivis d’une multitude de programmes de promotion en continu et de la fidélisation. Cette dernière formule, en vogue il y a quelques année, a subi beaucoup de «lift age», depuis l’affaire Panam.
La compagnie américaine a coulé parce que le taux de clients fidélisés voyageant avec leurs points, est devenu élevé. C’est la multiplication des formules billets qui a engendré le problème de la commission.
La crise du 11 septembre a aggravé les choses. Avec l’éclosion des low-cost, la réalité est devenue incontournable. Pour les agences, mais aussi pour les GDS (système de réservation comme Gallileo et Amadeus) qui gagnent 14 dollars par réservation de billet. Dans les pays comme le Canada, la suppression des commissions est passée inaperçue par ce que les agences gagnent 30 à 50 dollars par billet de réservation.
Avant d’imposer leur dictat aux petits réseaux d’agences, les compagnies aériennes ont d’abord négocié avec les grandes agences comme Carlson Wagonlit et American Express. Au Maroc, aucune agence de voyages n’est épargnée. Seulement, cette baisse des commissions, appliquées aux agences de voyages, ne l’est pas du tout entre compagnies aériennes qui continuent, selon les voyagistes, à se rémunérer avec du 9%.
Ce sera l’un des arguments majeurs des voyagistes au Tribunal de commerce.

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