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Bassima Hakkaoui appelle à un référendum sur l’avortement

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«L’avortement est prohibé, car il prive le fœtus de son droit à la vie». Décidément, Bassima Hakkaoui n’a pas changé d’avis. Le cheval de bataille de Nouzha Skalli s’avère un enjeu difficile à relever par Mme Hakkaoui, actuelle ministre du développement social, de la femme, de la famille et de la solidarité. Pour l’unique femme au gouvernement Benkirane, la question de l’avortement «n’est pas d’actualité». C’est ce que Mme Hakkaoui a déclaré en personne lors d’un entretien accordé au quotidien arabophone «Al Ahdath Al Maghribia» en date du vendredi 24 février. Interrogée sur cette problématique, Bassima Hakkaoui met en évidence l’organisation d’un «référendum populaire» pour trancher dans ce dossier puisqu’une légalisation de l’avortement s’avère «dangereuse». Et d’argumenter que «l’avortement étant bel et bien pratiqué, il s’agit donc d’en limiter le champ, de manière à ce qu’il ne soit autorisé que pour des raisons de santé, sur recommandation du médecin et conformément aux préceptes de la religion». Se référant aux propos de Bassima Hakkaoui, un suffrage national s’impose. Si jamais la proposition de Mme Hakkaoui se concrétise, l’avortement sera incontestablement un débat national. Ainsi, la question sortira de l’ordre des tabous et s’affirmera, comme elle a toujours été, en tant que priorité sociale. Pourquoi l’avortement continue de faire peur dans notre société, alors qu’il continue de sévir clandestinement? Pourquoi continue-t-on de lui faire la sourde oreille?
Un constat à prendre en considération: près de 600 à 900 avortements s’effectuent quotidiennement sur le plan national. Pour leur grande partie, ces interventions se font en absence d’assistance sociale et dans une ambiance sanitaire défavorable, sans parler des retombées néfastes de cette pratique. Conclusion: l’avortement, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, est un véritable problème de santé publique dont les séquelles sont lourdes à supporter. Contrairement aux méfiances de Mme Hakkaoui, l’avortement défendu par les militants et acteurs associatifs n’est «nullement» d’ordre esthétique ou sélectif. Le recours à cette pratique ne peut être que dans des cas extrêmes. Un pas a été gagné dans ce sens lors du mandat de Nouzha Skalli: «Le recours à l’avortement légal dans des cas extrêmes, comme le viol, l’inceste ou les malformations profondes du fœtus, n’est plus un tabou. Il fait partie d’un agenda gouvernemental», la déclaration de Mme Skalli accordée en octobre dernier à l’AFP sonne toujours à l’oreille des défenseurs de cette cause. Ce témoignage a eu des échos positifs sur la scène nationale et internationale, promettant d’apporter des solutions vitales à la souffrance de milliers de femmes dont la tranche d’âge oscille entre 12 à 50 ans. Au moment où la question de l’avortement au Maroc faisait l’objet d’un éventuel projet de loi, le compte est, aujourd’hui, remis à zéro. «Avant d’adopter une loi pour traiter de cas particuliers comme l’inceste ou la grossesse résultant du viol, qui constituent des drames au vrai sens du terme, il faut engager un débat sur le sujet entre médecins, psychologues et ouléma afin d’aboutir à des résultats positifs», relève-t-on de l’entretien de Mme Hakkaoui. Les défenseurs de cette cause reprendront-ils leur marathon à nouveau ? Accepteront-ils d’ouvrir le débat avec leur interlocutrice qui, de son ère de parlementaire, a longuement bloqué le dénouement de ce projet social ? Quelles seront leurs conditions dans ce sens ? Une affaire «bouillonnante» à suivre.

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