La question amazigh a été constamment imprégnée d’une connotation politique. Dans les années cinquante, elle était « censurée » pour des raisons datées historiquement. Toute revendication de spécificité ethnique ou identitaire était perçue à la lumière du dahir berbère de 1930.
Cette vision a été consacrée et raffermie au cours des premières années de l’indépendance. Quatre tendances majeures dominaient le champ idéologique – politique et tuaient dans l’oeuf toute aspiration à l’autonomie culturelle et identitaire. Le Mouvement national dans son acception patriotique globalisante réfutant toute approche insistant sur les sous-entités, régionales soient-elles, culturelles, sociales ou politique.
Ce mouvement affichait un scepticisme net à l’égard de la question berbère. La naissance du Mouvement populaire en 1958 et le déclenchement des événements du Rif leur offert les arguments nécessaires pour camper sur cette position.
Dans le même sens, les courants panarabe, islamique et de gauche rejetaient toute approche qui ne concorde pas avec leur matrice culturelle. Les premiers pour non-conformité avec le concept de la Nation arabe, les seconds parce qu’ils estiment que l’Islam, une fois installé comme religion, élimine toutes les identités culturelles qui lui sont précédentes, et les derniers, enfin, pour une question de priorité dans la lutte ; c’est-à-dire des préoccupations primordiales de la conjoncture.
Cependant, en 1967, fut créée à Rabat, l’Association marocaine de la recherche et des échanges culturels ( AMREC), une association à vocation dont l’objectif fondamental est de faire de la langue et de la culture berbères un champ d’investigation scientifique. Dans les années soixante-dix, le campus universitaire vibrait au diapason de la gauche et du radicalisme verbal, mais à la fin de cette décennie, l’amazighité s’est enrichie par l’émergence de nombreux nouveaux acteurs.
En 1980 est né Tamaynat, soit deux ans la condamnation de Ali Sadki à 12 mois et 17 jours de prison ferme pour avoir publier un article qui évoque « l’arabe venu de l’extérieur ».
En 1990 fut adoptée la charte d’Agadir et, en 1994, feu Hassan II légitime l’amazighité dans son discours du 20 août ; soit moins de trois mois après l’arrestation de neuf membres de l’association Tilelli.