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Dossier : Le Maroc en bonne place

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Jeudi 9 décembre, le Maroc a fêté la Journée mondiale de lutte contre la corruption à l’instar de tous les pays signataires de la Convention des Nations Unies de lutte contre la corruption. Une journée dont l’objectif est de démontrer un peu partout dans le monde la gravité d’une pratique destructive et rares sont les pays qui en échappent. Pour Bachir Rachdi, président de Transparency Maroc, la corruption est « une gangrène qui vient à bout de toute tentative de développement.
Avec la présence de la corruption, les moyens ne sont pas investis comme ils devraient l’être, que ce soit au niveau matériel ou au niveau humain ». Il va pousser l’analyse plus loin pour déclarer que « la corruption provoque une situation de grande paresse et de dysfonctionnements sur tous les plans. Rien ne marche plus normalement et les choses ne répondent plus à aucune logique. Une anarchie socioéconomique qui enfonce davantage le pays dans des problèmes insolubles ». Le Maroc, comme ses semblables arabes et africains, n’en échappe pas. De nombreux rapports nationaux et internationaux ont pointé du doigt la situation d’impunité et la grave corruption qui sévit dans toutes les sphères. La corruption est donc enracinée au Maroc. Qu’elle soit de l’ordre de quelques dizaines de dirhams ou à plus grande échelle, la corruption est présente partout au Maroc. « Une enquête menée en 2001 a montré que tous les secteurs sont touchés et ce à un niveau de fréquence très important. La situation est ainsi plus que grave. Il faudrait agir au plus vite pour limiter les dégâts », estime pour sa part Izeddine Akesbi, secrétaire général de Transparency Maroc qui ajoute que plusieurs années, la question de l’éradication du fléau est devenue publique au Maroc. Tous les jours, que ce soit à l’hôpital, à l’école ou à n’importe quel département ou administration, corrompre est devenu un fait anodin. Au point que l’économie nationale s’en trouve terriblement handicapée. Les différents scandales qui ont suscité la polémique et dont les détails ont été étalées sur les colonnes des journaux nationaux, ne sont que la partie visible d’un iceberg qui menace de fondre et d’inonder tous les secteurs et les étouffant. Les prémices d’une situation de chaos qui résulterait de la propagation dangereuse de ce fléau dans notre pays ne sont autres que les notations et classements du Royaume en la matière.
Il y a de cela deux mois à peu près, Transparency International, l’ONG qui a dédié ses activités à la lutte contre la corruption de par le monde, avait sévèrement noté le Royaume. Son indice de la perception de la corruption a placé le Maroc à la 77ème pays avec une note très peu honorable de 3,2 sur 10 soit la même que le Bénin, l’Egypte et le Mali. Un classement qui est loin de la 70ème place qu’occupait le Maroc une année auparavant. La régression est d’autant plus évidente si l’on sait qu’en 1999, le pays pointait au 45ème rang alors qu’en 2000, le Maroc a réussi son plus beau score avec une 37ème position et une encourageante note de 4,7.
La Journée internationale de lutte contre la corruption constitue ainsi une occasion de faire le bilan de la situation et de discuter des perspectives et des moyens de l’éradication de cette pratique qui mine la société et l’économie marocaine. C’est également une opportunité pour mettre le doigt sur les dysfonctionnements qui ont handicapé l’action des différentes instances créées pour cette lutte. En effet, il y a quatre années de cela, une commission nationale de lutte contre la corruption a été créée et avait pour objectif de définir et de mettre en place une stratégie globale touchant tous les secteurs. Les départements gouvernementaux concernés avaient affiché alors un enthousiasme qui s’est vite éteint puisqu’un recul a été enregistré par la suite. Cette commission n’a pu aller jusqu’au bout de ses objectifs initialement tracés et s’est plutôt tournée vers la modernisation de la vie publique.
« Ce que nous avons toujours demandé est que la situation d’impunité n’existe plus. Il faut donner l’exemple concernant les grands dossiers et permettre leur règlement conformément à la loi. Tout ceci ne peut être réalisé sans une prise de conscience collective de la gravité de la situation. Il faudrait également que l’Etat agisse en faveur de l’éradication de la corruption », estime le secrétaire général de Transparency Maroc. En attendant cette prise de conscience, la corruption, comme toute gangrène, continue de ronger notre pays.

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