Chroniques

Label marocanité : La «fitna» des palestiniens

Mon fils, au détour d’une interrogation bénigne, va, très vite, toucher le littoral de mon impuissance. Il m’a demandé, avec son innocente et salutaire naïveté pourquoi les Palestiniens se tuent-ils entre eux ? Qu’est-ce qui fait que des frères de combat détournent leurs armes contre eux-mêmes au moment où, en face, ils sont censés avoir un adversaire supérieur, hyper puissant et quasi monolithique ? Il a du mal à saisir, le fiston, pourquoi les Arabes sont tellement prompts à la violence, au meurtre et parfois à l’inhumanité y compris entre eux-mêmes…
C’est très difficile d’être démuni devant la curiosité d’un enfant. C’est même un brin fâcheux de vouloir déchiffrer ou de justifier l’écho, le bruit et la fureur des violences inter-palestiniennes qui nous parviennent de Gaza et de Cisjordanie. La situation ne peut que heurter tous ceux pour qui la cause de ce peuple a constitué un credo, une ligne de conduite et une revendication non négociable. Tous ceux pour qui cette cause fut la colonne vertébrale d’une identité arabe dont le dérèglement obstiné fut énergiquement camouflé par une idéalisation obtuse.
La révolution palestinienne est une idée qui est en train de voler en éclats. C’est une chimère qui peut se putréfier dans l’impasse politique de la petite démocratie de ce petit peuple. Si l’explosion est larvée, l’implosion, elle, est déjà en marche. Le rêve palestinien risque de s’engloutir dans les balbutiements d’une guerre civile qui dépasse l’entendement. Un si petit peuple qui entamerait sa propre déchirure dans un si petit lopin de terre. Une évocation, version moderne et collective, du combat biblique entre Abel et Caïn sur cette terre riche en sédimentations bibliques. Ce serait une tragédie.
Le feu couve depuis la victoire du Hamas aux élections. Entre le Fatah historique et le Hamas hystérique, il y a comme une juxtaposition des entêtements : légitimité historique contre légitimité démagogique. Martyrs de la révolution contre martyrs de Dieu. Système corrompu contre système de vertu…Sans compter l’Etat d’Israël. L’enlisement est dans son intérêt. Il entretient la vivacité des braises ardentes avec un soufflet d’air démoniaque. Donc, chaque camp est déjà sur les pieds de guerre. Chaque camp mobilise ses milices. La moindre étincelle pourrait enflammer le rêve d’Abou Amar. L’embrasement s’est accéléré après la décision de M. Abbas de convoquer pour la fin juillet un référendum sur un document reconnaissant implicitement Israël. Le Hamas ne veut pas entendre parler de cette consultation. Cette discorde pourrait avoir des conséquences très graves sur l’avenir de l’autorité palestinienne, dans son ensemble. Quand un Israélien tue un autre Israélien, ce qui est rare, cela s’appelle une tragédie pour l’identité juive. Un Palestinien tue un autre Palestinien, tranquillement, sereinement. Il appelle cela un désaccord…Yasser, réveille-toi ! Ils sont devenus fous.

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