Regard perçant teinté de malice, visage aux traits rigoureux , Abderrahmane Saâidi, la cinquantaine, dégage une certaine bonhomie. Le verbe haut, la répartie facile, cet expert comptable à la tête d’un cabinet florissant manie aisément l’art de la manoeuvre et de la séduction. Un trait qu’il s’est découvert lors de son passage au gouvernemental de 1993 à 1998 en tant que ministre de la Privatisation.
Personne ne peut nier que le processus de privatisations a connu sous son administration une dynamique remarquable même si ses adversaires ont trouvé à redire quant à son bilan dans ce domaine.
Quoi qu’il en soit, on doit notamment à ce fonceur les bons de privatisation, les fameux bons Saâïdi, qui ont été arrachés par les petits porteurs. Le passage de M. Saâïdi dans le gouvernement n’était pas cependant un long fleuve tranquille. Tout le monde se souvient encore de son conflit spectaculaire avec l’homme d’affaire Miloud Chaâbi sur le dossier de certaines sociétés privatisables. Un conflit très politique, qui a fait à l’époque la une de la presse marocaine, tranché finalement en faveur de l’ex-ministre par la Cour suprême au terme d’un procès mené au pas de charge.
La nomination de M. Saâïdi à la tête de La Samir n’a pas manqué de soulever quelques interrogations. Celle-là surtout : est-il déontologique qu’un ministre qui a supervisé la cession au privé d’une société publique en devienne le directeur quelques années plus tard ?