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France : Dalil Boubakeur fait de la résistance

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Nicolas Sarkozy que les sondages continuent de malmener malgré des efforts surhumains de changer de style et d’approche doit être fou de rage de voir une de ses grandes réalisations, le Conseil français du culte musulman, menacer de partir en fumée. Le CFCM, structure qui se veut représentative de l’islam de France, est l’œuvre totale de l’actuel président de la république alors qu’il n’était qu’ambitieux ministre de l’Intérieur.
Le président du CFCM, le recteur de la mosquée de Paris Dalil Boubakeur, a décidé de ne pas participer aux élections du 8 juin destinées à renouveler ses instances dirigeantes.
Pour justifier ce boycott, la Mosquée de Paris dénonce les critères de représentativité du CFCM qui, selon une partie de son système électoral, repose sur les surfaces au mètre carré des lieux de culte. Ce qui donne cette correspondance statistique : pour avoir dix délégués, il faut prouver la gestion de 1000 m2.
Le communiqué de la mosquée dénonce « un mécanisme électoral absurde » et s’en prend violement à «ce critère injuste (qui) a favorisé l’émergence d’une représentativité qui ne reflète en rien la sociologie de l’Islam de France ».
L’attitude de Dalil Boubakeur a pris de court l’ensemble des observateurs qui suivent ce dossier. D’abord par son timing. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de dénoncer publiquement ces critères de représentativité qualifiées « d’iniques » ? Le ministère de l’Intérieur et des Cultes que dirige Michelle Alliot Marie a vite réagi pour éclairer cette situation. Tout en affirmant son attachement à la pérennité du CFCM, le ministère rappelle  qu’un  «accord» avait été trouvé en octobre 2007 avec M. Boubakeur pour que la Grande Mosquée de Paris accepte de prendre part à ces élections du 8 juin, «quitte à ne pas en être président».
Or les déclarations des responsables de la Mosquée de Paris ne laissent aucun doute sur leurs visées hégémoniques permanentes sur le CFCM comme le dit sans détour un de ses hauts responsables Chems-Eddine Hafiz : «On ne peut pas être dans le CFCM sans occuper la présidence » ou quand il fanfaronne devant les journalistes : «la seule façon de garantir la pérennité de notre surface au CFCM, qui est en l’état actuel de 15%, est d’en garder la présidence ».
En optant pour le boycott des élections chargées de redonner une légitimité à un CFCM discrédité et déjà paralysée par les luttes internes, Dalil Boubakeur adopte une posture d’enfant gâté qui préfère casser son jouet plutôt que devoir le céder. Il sait que sa désignation à deux reprises à la tête du CFCM, en 2003 et en 2005, il ne la doit ni à sa grande influence dans la galaxie de l’Islam de France, ni à son charisme personnel, mais plutôt au fait du prince. C’est Nicolas Sarkozy pressé de boucler un projet qui lui tenait à cœur qui l’avait intronisé président du CFCM.
Il faut dire que Nicolas Sarkozy avait retrouvé en Dalil Boubakeur l’ancien soutien à son mentor Edouard Balladur dans son combat présidentiel contre Jacques Chirac. Et ce qui ne gâche rien, Dalil Boubakeur a pour challenger actuel Fouad Alaoui, le patron de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), un homme qui avait ouvertement appelé à voter Ségolène Royal.
Les détracteurs de Dalil Boubakeur mettent sa soudaine mauvaise humeur sur sa panique de perdre son leadership et sa volonté manifeste d’être nommé « président à vie » du CFCM. En faisant de la résistance, le recteur de la Mosquée de Paris fait miroiter la chute de l’ensemble de l’édifice si un deal n’est pas passé avec lui. Bloquer un processus électoral prévu dans tous les agendas vise à obliger les pouvoirs publics à entamer un cycle de négociations entre le ministère de l’Intérieur et la Grande Mosquée de Paris.
Si l’ensemble des spécialistes de ce dossier excluent, pour des raisons de politique intérieure, une intervention de Nicolas Sarkozy ou de Michelle Alliot Marie pour sauver le maroquin de Dalil Boubakeur, ils sont rares ceux qui entrevoient l’avenir du CFCM alors que le chef d’une pièce-maîtresse de ce dispositif menace de prendre le maquis. Michelle Alliot Marie a besoin d’une ingéniosité toute militaire pour pouvoir convaincre l’ensemble des partenaires de cette aventure de la représentation de l’Islam de France de se remettre autour d’une table et d’accepter les résultats d’un scrutin si imparfait soit-il.   

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