Chroniques

Un vendredi par moi

«Obama oui, Mamadou non». L’expression est d’Elyamine Soum, sociologue français et coauteur avec Vincent Geisser, chercheur, d’une enquête, «Discriminer pour mieux régner», consacrée à «la diversité à la française et son hypocrisie dans les partis politiques.» S’il a  fallu les émeutes des banlieues pour que les noms à consonance maghrébine viennent peupler quelque peu les génériques des reportages des télés françaises ou pour qu’un Noir, en dehors d’un sportif, devienne une image valorisante dans une pub vantant un produit financier, il faudra attendre longtemps encore pour qu’une représentation politique digne de ce nom des souches issues de l’immigration, voit le jour en France. Elyamine Soum ne mésestime pas l’arrivée, dans la foulée des émeutes, d’une Fadela Amara, de Rama Yade, mais, note-t-il, elles sont renvoyées «à des questions de leurs origines ethniques», ce qui lui fait penser qu’il y a «un communautarisme par le haut» qui n’est pas loin de rappeler le «cosmétique et l’exotique». Rachida Dati, garde de Sceaux, est une exception qui échappe au sort de ses consœurs, mais malgré sa position dans le top ten des sondages, elle est si malmenée par les élites politico-juridico-médiatiques que l’on est en droit de se poser des questions.

Un constat qui me saute aux yeux, là, en rédigeant cette chronique : le dictionnaire de mon PC me souligne en rouge les noms de Fadel Amara, Rama Yade et Rachida Dati comme autant de fautes de français.

Obama a assurément donné un coup de vieux à plus d’une classe politique à travers le monde. Son hybridité, son allure, son port, son ton, son teint, son sourire ont séduit la planète. Mais il y a un moment où la fantasmagorie devra s’arrêter. Pour Ezra Suleiman, professeur de sciences politiques à Princeton, l’élection d’Obama serait un acte américain de résilience. La résilience est ce concept psychologique développé par l’éthnologue et psychiatre Boris Cyrulnik, qui permet à «un individu affecté par un traumatisme à prendre acte et à intégrer l’événement traumatique pour éviter la dépression.» Il s’agirait, dans le cas américain, d’une repentance qui permettrait aux Etats-Unis d’Amérique de cohabiter en paix avec les stigmates de l’esclavagisme. Sur cette voie, le métis de Chicago est un bon compromis qui permet aux Américains de se retrouver à bon compte. Surtout que le président élu, comme dit Jamal Berraoui, est un Américain. Peut-être un peu moins que l’actuelle secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, mais autant au moins que «l’enfant du Bronx», Colin Powell, ancien chef des états-majors de l’armée,  Obama rêve en blanc, pense en blanc, agit en blanc. Il faut juste craindre qu’un jour, il ne lave plus blanc que blanc.

Une remarque, mine de rien : il ne  viendrait jamais à l’idée de Bush, ni les Américains ne l’accepteraient de lui d’ailleurs, de modifier les règles du jeu pour briguer un troisième mandat. Combien de chefs d’Etat et de parti de notre pauvre monde l’ont fait ou sont en train de le faire ?

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