Chroniques

Le RN affronte un front républicain fissuré

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

Le principal enjeu de cet historique dimanche 7 juillet est de savoir si encore une fois le front républicain a fonctionné pour empêcher la future performance du Rassemblement national.

C’est ce dimanche 7 juillet que les dès vont être définitivement jetés pour le Rassemblement national. Une majorité absolue au parlement et Matignon tombe dans l’escarcelle de Marine Le Pen et Jordan Bardella deviendra Premier ministre. Une remontée du Front de gauche et tout sera remis en cause avec un éventuel blocage institutionnel, le fruit d’une paralysie parlementaire.
Mais ce scénario, même s’il provoque des frissons dans les cénacles politiques français, est le moins évoqué. Sans doute parce que cela obligerait le président Emmanuel Macron à envisager une autre séquence où le sentiment de vertige est plus profond que celui provoqué par la dissolution. Et l’évoquer et le médiatiser serait source d’angoisses inutiles. À chaque période suffit sa peine. Le principal enjeu de cet historique dimanche 7 juillet est de savoir si encore une fois le front républicain a fonctionné pour empêcher la future performance du Rassemblement national.
Au soir du 30 juillet, les appels se sont multipliés pour construire ce barrage à travers des désistements lors des dizaines de triangulaires dans lesquelles les candidats de l’extrême droite participent. Et dans ces stratégies, la confusion domine les attitudes.
Macron appelle à un front démocrate et républicain. Gabriel Attal, Premier ministre, affirme qu’aucune voix ne doit aller au RN. Les candidats de gauche, notamment de la France insoumise, en troisième position, se retirent au profit du candidat qui affrontera les candidats RN. Par ailleurs d’autres personnalités de la majorité présidentielle entretiennent le flou politique. À l’image de Bruno Lemaire, ministre de l’économie et des finances, ou de Yael Braun Pivet, président de l’assemblée nationale dissoute par Emmanuel Macron, ces personnalités refusent le principe de voter pour les candidats de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et de faire barrage au RN. Dans le meilleur des cas, elles prônent une abstention ou un vote blanc.
Les tenants de cette stratégie estiment que la France insoumise est aussi radicale, aussi inacceptable pour gouverner la France que le RN. Ils mettent en valeur la «bordélisation» de la vie politique initiée par le comportement des députés LFI, mais surtout ce qui est perçu comme des postures antisémites de la part de la France insoumise dans sa défense de la cause palestinienne.
Cette absence d’unanimité dans la construction du barrage républicain pourrait être profitable au RN. Marine Le Pen et Jordan Bardella misent sur cette fissure pour pouvoir rêver d’une majorité absolue et espérer gouverner la France. Mais cet espoir est de plus en plus mince. Ceux qui appellent au barrage républicain sont plus audibles que ceux qui hésitent. Pour les premiers il y a une hiérarchie des périls et des risques qui pèsent sur la république et au sommet se trouve le RN. Pour les autres, les risques des deux extrêmes se valent et ils affichent une politique de l’autruche en attendant que cette bourrasque politique passe.
Mais face à cette crise, d’autres scénarios sont à l’oeuvre, le premier est celui qui affirme que le RN accepterait de former un gouvernement même s’il ne parvient pas à cueillir une majorité absolue. Une majorité relative avec quelques séances de négociations avec les républicains qui vont être élus pourraient lui garantir un exercice de pouvoir sans blocage permanent. Ce scénario dépend du nombre de sièges que le RN va obtenir dimanche. Un chiffre comme 270 sièges faciliterait davantage la mission de Jordan Bardella qu’un chiffre de 250 sièges.
L’autre scénario qui est actuellement discuté dans les coulisses est celui mené par l’actuel Premier ministre Gabriel Attal avec Emmanuel Macron dans les coulisses. Celui de tenter une majorité plurielle, une coalition entre les partis de gouvernement à l’exception de la France insoumise. Cette majorité espère toucher le parti Renaissance, Modem de François Bayrou, Horizon d’Edouard Phillipe, les socialistes d’Olivier Faure, Place publique de Raphaël Glucksmann, et les Républicains qui n’ont pas suivi Éric Ciotti dans son alliance avec le RN. Cette idée qui vise à mettre de côté les extrêmes a pour ambition de réunir ce qui est perçu comme des forces politiques de gouvernement.
Sur le papier cela pourrait être séduisant mais dans la réalité il faut compter avec les réactions impromptues de la France insoumise dont le chef Jean-Luc Mélenchon vise à soumettre l’ensemble des composantes de la gauche et prétendre être le plus qualifié pour diriger la France.

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