Culture

A la une : Art : la pub pour joindre les deux bouts

© D.R

Nos acteurs ne finiront décidément pas de nos surprendre. Déjà qu’un bon nombre d’entre eux fait étalage de son « talent » aussi bien dans les séries  télé, le cinéma et le théâtre, dans un mélange des genres qui jure à la fois avec les spécificités de chacune de ces expressions artistiques, et les profils artistiques auxquels chacune fait appel, est venue s’ajouter une nouvelle aventure, dans sa connotation risques et non pas enrichissement personnel.
Celle-ci n’est autre que la publicité. Terrain vague relevant de la réclame après l’indépendance, ce secteur a connu, notamment dans les années 1990, un développement considérable au Maroc, avec l’émergence d’agences spécialisées qui ont fait de la créativité leur mot d’ordre, glanant des prix internationaux au passage. Mais voilà que, récemment, le secteur est retombé dans une espèce d’amateurisme dont la principale victime n’est autre que ceux et celles qui en portent l’image.
Cette image est désormais incarnée par plus d’un artiste. Publicité radiophonique à laquelle des voix comme celle d’Abdelkader Lagtaâ est indissociable, télévisuelle avec des acteurs qui font la promotion de produits aussi divers que la téléphonie, l’immobilier, le mobilier ou même les produits alimentaires et autres détergents. Mieux, des troupes entières d’acteurs sont actuellement mobilisées dans des campagnes de publicité, comme c’est le cas pour l’ensemble de l’équipe du fameux sitcom Lalla Fatima ou encore la Troupe du théâtre national qu’on ne voit plus que dans des pubs Maroc Telecom. 
Si le constat se passe de toute autre illustration, la question sur les motivations qui se cachent derrière la véritable déferlante de nos acteurs et comédiens sur ce secteur a lieu d’être posée. Si la publicité est désormais considérée comme une expression artistique à part entière, avec ses concepteurs, ses réalisateurs et ses producteurs, force est de constater que nos acteurs s’y prêtent, non pas pour  faire de l’art, mais pour arrondir leurs fins de mois, plutôt maigres pour une bonne partie d’entre eux. Comme l’avance l’actrice Amal Ayouch (voir réactions page 26), c’est le besoin qui pousse à cette activité. La comédienne Nora Skalli est encore plus explicite quand elle évoque sa propre expérience en affirmant n’avoir recouru à la pub qu’au moment où elle vivait une mauvaise passe financière. Voilà qui explique bien des choses, sans pour autant les justifier. La pratique ne date certes pas d’hier et elle est loin d’être propre au Maroc.
Un géant du cinéma américain et mondial comme Robert de Niro n’hésite pas à associer son nom à un produit comme MasterCard. La marque L’Oréal a fait des jolis minois de bien d’actrices, par ailleurs loin d’être dans le besoin, les meilleures ambassadrices de ces produits de cosmétiques. Toute  comparaison a des limites. Celles séparant nos artistes de ceux d’ailleurs tiennent à la fois à la nature de certains produits dont les nôtres se font les porte-étendards, et qui sont loin de hisser leur image, et à la qualité artistique de certaines publicités qui, censées attirer l’auditeur ou le téléspectateur, le font, au contraire, fuir. Cette aversion se répercute également sur l’artiste.
Le capital image de ce dernier en prend une sacrée gifle. D’ailleurs, tous les intervenants dans les réactions ci-contre s’accordent à dire que l’implication, ou non, de l’artiste doit tenir compte de ces deux facteurs. Or, ce qu’on retrouve, c’est que dans un secteur où les spots à la cocotte minute et la publicité sauvage sont dominants et où le besoin sert de contre argument à toute exigence artistique que peut formuler l’artiste, c’est le schéma catastrophe qui est de mise. Déjà que l’art, de manière générale, a toujours du mal à se faire reconnaître dans le plus beau pays du monde, la publicité telle qu’elle existe ne fait que participer à réduire le champ d’épanouissement de nos artistes. D’autant qu’au départ, il y a des choix. Celui de tout artiste est, en principe, de vivre de son œuvre et non pas de son image.

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