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Carnets parisiens : Georges Frêche, le maillon faible assumé des socialistes

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Ce fut un examen extrêmement attendu de la part de Martine Aubry et de l’ensemble du gotha socialiste: Quelle attitude adopter à l’égard de Georges Frêche, président sortant de la région Languedoc-Roussillon ? Le maintenir pour qu’il tente d’être réélu à la tête de la région ou le contrer pour l’en empêcher. La pertinence de l’interrogation vient du fait que Georges Frêche n’est pas un baron socialiste comme les autres. Il a été spectaculairement exclu du Parti socialiste en 2007 par François Hollande pour avoir tenu des propos jugés racistes. Georges Frêche avait fait des déclarations dans lesquelles il accusait les Harkis d’être des sous-hommes et se plaignait publiquement que l’équipe de France contienne trop de joueurs noirs, estimant que la normalité serait qu’ils soient  au maximum trois ou quatre. L’homme avait provoqué un tourbillon d’indignation, si violent que la direction du PS de l’époque était dans l’obligation de s’en séparer. Depuis son exclusion du PS, Georges Frêche, bientôt 72 ans, campe le personnage d’un dictateur régional, capable de faire la pluie et le beau temps. Il est à la tête d’une puissante région, de celles qui peuvent influencer l’ensemble de l’appareil socialiste. Avec son inséparable canne qui tremble, ses indignations qui se formulent en murmure, une posture de parrain surjouée, Georges Frêche  garde un sourire plein de malice, celui des grands enfants, heureux d’avoir joué de sales tours et qui s’en sortent, comme par enchantement, avec la bénédiction coupable du jury.  Après une réflexion aiguë et un suspense en trompe-l’œil, Martine Aubry a donc décidé d’entériner la candidature de Georges Frêche, faisant de l’ex-paria socialiste un porte-drapeau du PS dans les prochaines élections régionales. Cette décision n’a pas été prise à la légère car elle est lourde de conséquences. En ne s’opposant pas ouvertement à Georges Frêche, Martine Aubry donne l’impression d’avoir choisi de favoriser l’hypothèse susceptible de lui faire gagner les élections. Elle court le risque de subir trois effets boomerang. Le premier touche les alliés de gauche comme les Verts et les communistes de la région qui refusent absolument d’avoir le moindre contact avec Georges Frêche qu’ils surnomment en privé «  le Le Pen de gauche ». Pour quelqu’un comme Martine Aubry qui cherche des alliances à gauche, c’est raté. Le second effet touche aux divisions au sein même de l’appareil socialiste qui risquent de s’approfondir davantage entre ceux qui ont milité pour l’exclusion de Georges Frêche et ceux qui veulent le réintégrer. Le troisième effet est d’ordre politique. Le traitement de faveur et de complaisance réservé par le PS à Georges Frêche a été saisi au vol par l’UMP, la droite et la majorité présidentielle. Avec les phrases de Brice Hortefeux, la tournure que prend le débat sur l’identité nationale, la gouvernance Sarkozy est souvent accusée et mise au pilori par la gauche de faire l’apologie du racisme et de la xénophobie. Etre officiellement représenté en Languedoc-Roussillon  par un Georges Frêche qui n’exprime aucun repentir, n’autorise pas à prétendre au rang de donneur de leçons à la conscience irréprochable.

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