Editorial

Un Premier ministre de souveraineté

© D.R

La carte politique issue des élections législatives du 27 septembre 2002 n’a à l’évidence pas permis la nomination d’un Premier ministre politique. Elle n’a pas non plus permis, selon les résultats des tractations que nous avons vécues, l’émergence d’une majorité parlementaire claire, compacte et historiquement homogène. Les appétits des uns, les ambitions des autres, les calculs politiciens souvent étroits de la plupart de nos formations politiques ont probablement fini par créer les conditions d’une décision qui renvoie tout le monde dos-à-dos.
La situation actuelle de notre pays et les défis majeurs qui l’attendent permettaient-ils la nomination d’un Premier ministre politique alors que le champ politique s’est gravement balkanisé avec 22 partis à la Chambre, que le taux de participation n’a atteint que 50% et que l’on a compté lors du scrutin près de 2 millions de bulletins nuls ? La question est en tout cas à poser.
Le choix même du Premier ministre, en tant que tel, issu d’une hasardeuse alchimie électorale, ne semblait plus, en dernière instance, évident. On a entendu des hommes politiques éminents dans une sorte de lecture iconoclaste de la Constitution vouloir proposer au Souverain des Premier ministrables agréés par leur Bureau politique pour éviter qu’un rival n’accède à la fonction suprême. En même temps, aucun des leaders politiques pressentis ou candidats autoproclamés n’arrivait à imposer auprès de l’opinion publique une légitimité supérieure susceptible de forcer la décision. Apparemment, il faut beaucoup de temps pour une nation comme la nôtre pour produire des hommes de la trempe d’Abderrahmane Youssoufi, qui peuvent susciter le respect, l’estime et la considération à la fois de ses amis et de ses adversaires politiques.
Mais ce qui est en apparence clair, c’est que nous étions peut-être face à une situation de blocage politique qui pouvait aboutir à des combinaisons politiciennes des plus sordides et nous étions aussi, probablement, pour nos formations politiques, face à un déficit de légitimité démocratique, conséquence directe de la faible participation et des scores étriqués obtenus par les uns et les autres. Aucun parti ne s’étant imposé d’une manière souveraine, indiscutable ou absolue, la porte s’est tout à coup, royalement, ouverte devant un homme consensuel, patriote et conciliateur comme Driss Jettou. Un Premier ministre de souveraineté.
Dans cette perspective, à propos des ministères de souveraineté, on peut dire que le débat qui a surgi ces derniers temps sur leur existence est tranché. Avec Driss Jettou comme Premier ministre, tous les membres du prochain gouvernement, quelle que soit leur couleur politique, seront des ministres de souveraineté. Une sorte de gouvernement d’union nationale pouvant faire face aux difficiles échéances qui attendent le Maroc en attendant une maturation politique et démocratique du pays pouvant ouvrir la voie à un véritable Premier ministre politique à la légitimité démocratique indiscutable, soutenu par une majorité parlementaire issue des urnes, claire, franche et loyale.

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