Société

Un manager dans la province

Silhouette mince, l’aspect ascétique, le regard vif, il ne marche pas sur le sol. Il l’effleure. Quand il parle, il n’a pas la langue dans la poche. Il dit ce qu’il pense. Calmement. Sans fard, ni fioritures.
Dégageant l’impression d’un homme d’ordre et de méthode, on le prendrait volontiers pour un chef d’entreprise. Or, Mohamed Fassi-Fehri, 54 ans, est le gouverneur de la province d’El Jadida, 1.200.000 habitants. Dès sa nomination en janvier 2000, il a procédé à un droit d’inventaire en écoutant surtout les uns et les autres. Au terme de cette enquête de proximité, il découvre une province assez sinistrée par des années d’impéritie de l’autorité locale. En un mot, l’héritage laissé par son prédécesseur est lourd.
Première initiative du nouveau gouverneur, se réunir avec les députés et les conseillers de la province. Ceux-ci formulent des revendications ayant trait au développement futur de la ville. Qu’à cela ne tienne…. En même temps, le gouverneur, dont le franc-parler et la fermeté étonnent ses interlocuteurs, obtient la radiation de l’administration territoriale de certains agents d’autorité longtemps en place, jugés coupables de multiples actes délictueux. Le président de la commune rurale de Moulay Abdallah, Abdellah Bchiker, destitué par décret du Premier ministre, sera poursuivi, lui, dans des affaires de malversations par la Cour spéciale de justice.
“ Cette action assainissante était un message pour tout le monde. Finis les privilèges et les passe-droit“, explique-t-il. Le credo de M. Fassi-Fehri : au travail !
C’est la façon de celui-ci de donner un contenu au “nouveau concept de l’autorité“. Sans empiéter sur des prérogatives que la loi ne lui donne pas.
“À mon sens, les attributions conférées actuellement au gouverneur, dit-il, sont insuffisantes. Pour que son action soit complète et efficace, il doit avoir une mission de gestion de la province“, dans une allusion à la défaillance des conseils municipaux. Il ajoute : “ Le Maroc a besoin d’une grande déconcentration au niveau des provinces et des préfectures avec un ramassage de ces dernières de telle sorte que leur nombre ne dépasse pas 35 ou 40 au lieu de 72 actuellement“.
Pour le gouverneur, cette nouvelle configuration devrait pouvoir s’accompagner d’une meilleure gestion des carrières et une amélioration des ressources humaines avec un organigramme-type aussi bien pour les collectivités locales que pour les préfectures.
Celui qui se définit comme un responsable qui s’implique directement dans son travail et qui ne se contente pas seulement de donner des instructions en restant enfermé chez lui ou dans son bureau est lauréat de l’école polytechnique de Paris et de l’école des Ponts et Chaussées de la même ville. Ancien directeur de l’école Hassania des ingénieurs, ce natif de Fès sera appelé à changer d’orientation professionnelle. Il sera nommé en janvier 1994 gouverneur de Fès Médina. Poste qu’il occupera jusqu’à septembre 1999 avant de présider aux destinées de la capitale des Doukkala. Une belle province au potentiel énorme que M. Fassi-Fehri s’est attelé à mettre en valeur. Perçue essentiellement comme une terre à vocation agricole (99.000 ha irrigués), la province est dotée également d’atouts touristiques non négligeables notamment balnéaires ( 150 Km de côte atlantique).
Ce sont ces attraits, en plus du secteur industriel qui connaît un certain essor, que le gouverneur entend particulièrement valoriser pour faire d’El Jadida une destination de villégiature. Aux yeux de M. Fassi-Fehri, le pari est jouable. “ On oublie souvent que El Jadida est située à 45 minutes de Casablanca, 120 minutes de Marrakech et de 120 minutes de Rabat“, souligne-t-il. Une situation, il est vrai, attrayante qui le sera davantage en 2004 qui verra la mise en service de l’autoroute Casablanca-El Jadida.
Dans cette perspective, nombre de sites balnéaires furent aménagés à El Haouzia, Sidi Ich qui seront confiés à des développeurs privés pour construire des complexes touristiques. Le boum de l’immobilier bat déjà son plein, qui annonce un rush vers les rives de Oum Rabiaâ. Destinée aux investisseurs potentiels nationaux ou étrangers, une jolie plaquette élaborée par la préfecture met en relief les “quatre raisons pour un meilleur choix“ : une situation géographique privilégiée, un environnement en pleine expansion, un réseau de communication approprié et une grande qualité de vie. Mohamed Fassi-Fehri est confiant dans l’avenir de l’ancienne Mazagan. “C’est vrai qu’il fait bon vivre ici“, lâche-il, dans un sourire sans ombre.

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